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    La couverture médiatique occidentale du conflit en Ukraine s’est imposée comme un véritable rouleau compresseur d’informations, en relayant un récit quasi uniforme. Les médias mainstream, qui se prétendaient indépendants et objectifs, ont adopté un discours totalement aligné sur les positions de l’Ukraine et de l’OTAN, au détriment d’une analyse équilibrée des causes et des responsabilités du conflit.

     

    Contrairement à toute éthique journalistique qui exige une investigation rigoureuse, la presse occidentale a privilégié l’émotionnel, la désinformation, l’omission de faits gênants et la diabolisation de la Russie. Une approche qui remet en question la neutralité de l’information et révèle une instrumentalisation médiatique de ce conflit.

     

    ………

     

    Dès les premiers jours de l’intervention des troupes russes, en fin février 2022, la presse dominante de l’occident collectif a construit un narratif manichéen du conflit: L’Ukraine démocratique, défenseuse des valeurs occidentales, face à une Russie dictatoriale à qui l’on attribuait à son dirigeant tous les défauts de la terre.

     

    Toute tentative de contextualisation historique a été totalement occultée.

     

    En effet, l’impact de l’élargissement de l’OTAN, contrairement aux engagements pris par James Baker et Hans-Dietrich Genscher, agissant pour le compte du bloc occidental, en 1990 de ne pas faire avancer cette alliance d’un pouce vers l’est, a été minimisé ou rejeté. Le coup d’Etat du Maïdan en 2014, sous l’instigation des Américains, qui avait renversé le Président Viktor Ianoukovytch démocratiquement élu est soit passé sous silence, soit décrit sous l’angle d’une révolution à la gloire de la démocratie. Le conflit dans le Donbass qui s’en est suivi, de 2014 à 2022, causant des milliers de morts a été largement ignoré. Le Président Volodymyr Zelensky, plébiscité par la presse, devenait le grand héros à l’égal de Churchill, devant qui, tous s’inclinaient. Des standing ovations lui étaient réservées dans toutes les arènes parlementaires du monde occidental. En revanche, à l’unisson, le Président Vladimir Vladimirovitch Poutine, sans nuance, devenait le mal incarné.

     

    Cette absence de contextualisation a empêché une compréhension réelle de la crise et conduit à une vision tronquée des enjeux.

     

    La censure des voix dissidentes

     

    La mise à l’écart des analyses divergentes participe à cette volonté délibérée de véhiculer un narratif corrompu, masqué sous le label absurde de protection de l’espace médiatique des démocraties contre la propagande russe.

    La liberté de presse, corolaire de la liberté d’expression, un acquis universel, bien que gravée dans des lois fondamentales devient l’exception, privant le public l’accès à une vision alternative des faits.

     

    Les chaînes Russia Today et Sputnik, sans aucun grief avéré de violation de leurs cahiers des charges ont été interdites de diffusion dans l’espace européen. Ces décisions politiques ont été validées par la plus haute instance judiciaire de l’Union Européenne, censée protéger les libertés fondamentales. Peu sont les médias qui ont protesté contre cette aberration.

     

    Toute dissidence est réduite au silence, y compris celle d’érudits dont la pertinence des analyses sur ce conflit est incontestable. Des experts de renom comme John Mearsheimer, Jeffrey Sachs, Alfred de Zayas, Jacques Baud, Glenn Diesen, Yvan Katchanovski, Michel Collon et bien d’autres sont ainsi marginalisés ou pire, insultés et accusés de complotisme.

     

    Au niveau des médias alternatifs, des plateformes comme YouTube, Facebook, Twitter n’ont pas hésité de déréférencer ou supprimer les comptes des voix contraires au récit imposé, sous prétexte de…désinformation.

     

    Manipulation de l’information et désinformation

     

    L’évidence d’une guerre par procuration ou l’objectif de l’occident d’infliger à la Russie une défaite stratégique est occultée, l’Ukraine dit-on défend sa jeune démocratie et partant, les valeurs occidentales. L’omniprésence de l’armement de l’Otan et ses experts sur le sol ukrainien n’interpelle aucunement la presse sur la finalité de cette escalade. En revanche, l’accusation d’internationaliser le conflit est vite portée contre la Russie pour sa coopération militaire avec certains de ses voisins.

     

    Les manœuvres des médias occidentaux, au service d’une idéologie suprémaciste, ont consisté à relayer à grande échelle tout ce qui était de nature à rabaisser et humilier la Russie. Les experts invités se permettaient de ridiculiser ce grand pays et son Président prétendument atteint de plusieurs maladies incurables. Les équipements militaires de Russie étaient, selon eux, d’un niveau moyenâgeux, incapables de rivaliser avec la modernité otanienne. Le Commandement militaire des pays de l’Otan était présenté comme bien supérieur à celui de la Russie, réduit au cliché d’être plus attaché à la bouteille de vodka.

     

    Sur le champ de bataille, selon la presse, les pertes russes étaient immenses en raison des méthodes archaïques de combat héritées de l’époque soviétique, contrairement à l’armée ukrainienne qui savait préserver son personnel militaire grâce à des stratèges formés à l’occidentale.

    Souvenons-nous aussi des récits d’experts de plateaux de télé sur la fragilité de l’économie russe, prête à s’effondrer, la chute inévitable du Kremlin ou encore la reddition imminente de l’armée russe qui se battrait avec des pelles, récupérerait les puces des anciens réfrigérateurs pour équiper les chars et les missiles et utiliserait des crématoriums mobiles pour dissimuler l’ampleur de ses pertes…

     

    Des affirmations gratuites ont été également avancées contre la Russie sur le pillage des céréales ukrainiennes, le massacre de Boutcha, le bombardement des écoles et des hôpitaux, la destruction des gazoducs nord Stream, les attaques sur la centrale nucléaire, sous son contrôle, de Zaporijjia…

     

    De l’autre côté, « le bon côté », la gloire de l’Ukraine est louée avec une ferveur messianique dans la quasi-totalité des organes de presse. Pour la circonstance, on a fabriqué le mythe du fantôme de Kiev qui aurait abattu six avions russes aux premiers jours des hostilités, des héros de l’île des serpents qui auraient tous accepté le sacrifice suprême plutôt que de se rendre ou encore la résistance des néo-nazis du bataillon Azov terrés dans les sous-sols de l’usine métallurgique Azovstal à Marioupol etc.

     

    Pour avoir osé documenter les crimes commis par l’armée ukrainienne, les médias ont inondé leurs plateaux d’experts chargés de récuser le rapport d’Amnesty international, obligeant ainsi les responsables de cette organisation à se rétracter.   

     

     Le conflit en Ukraine a mis en lumière l’hypocrisie des médias occidentaux qui, en réalité, défendent la liberté de la presse uniquement quand cela sert leurs intérêts géopolitiques. Cette "liberté" s’arrête là où commence la remise en question du récit dominant.

     

    Au final, le mythe d’une presse libre et impartiale en Occident s’est fissuré. Ce conflit a marqué un tournant dans la perception du grand public concernant le rôle des médias occidentaux, non plus comme des garants de la vérité, mais comme des instruments au service d’intérêts politiques et économiques.

     

    Les récentes révélations sur l’USAID confirment bien ces relations incestueuses entre la presse du monde occidental et les pouvoirs politiques.


    Gérard O.

    Expert en Relations Internationales

    Analyste géopolitique


     

     

     

     

     

     
     
     
    pgeopolitique

    Dernière mise à jour : il y a 2 jours

    (Article tiré d'un journal de la place, paru le 21 mai 2024)


    La conjonction des révolutions technologiques et des rivalités géopolitiques actuelles remodèle les fondements de l’ordre mondial et laisse entrevoir une société humaine à l’aube d’une ère nouvelle. Certains y voient l’équivalent des révolutions chrétienne, copernicienne et de l’imprimerie cumulées dont les effets ont totalement changé la face de l’humanité. S’il semble hasardeux de décrire le nouveau monde en voie d’éclosion, des indicateurs pertinents préfigurent déjà ce que ne sera plus demain l’ordre mondial étatique d’aujourd’hui.

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    Des observateurs avertis nous décrivent à grands traits le tableau géopolitique d’une société internationale partagée entre un occident et ses satellites d’un côté, et de l'autre côté des puissances émergentes autour desquelles gravitent une constellation d’acteurs qui aspirent à un monde multipolaire. Aux occidentaux nostalgiques de leurs privilèges d’antan qui montrent des dents et n’hésitent pas à mordre pour les défendre, se dresse un bloc des dominés d’hier qui revendiquent une place au soleil. La rivalité entre les deux groupes, contenue en certains endroits et explosive en d’autres, est source de spéculations diverses sur son issue probable si, toutefois, l’utilisation éventuelle de l’atome n’aura pas tout anéanti avant.

    La crise ukrainienne, face émergée de cette confrontation, semble devenue le laboratoire dans lequel s’effectue toutes les expériences. La défaite stratégique de la Fédération de Russie est l’objectif ouvertement affiché par les hautes autorités politiques de l’occident collectif et leurs élites intellectuelles. Il y va disent-elles de la sécurité, des valeurs et de la démocratie européennes menacées. Les moyens mobilisés, pour l’emporter, sont à la fois militaires, économiques, financiers, culturels, sociaux, religieux… L’opinion contraire n’a plus droit de cité dans une presse unanime en charge de l’éducation des citoyens sur le bien-fondé de la bonne cause, celle occidentale, de lutte contre les ténèbres. Toute tentative de réelle solution par voie diplomatique est délibérément sabotée.

    De l’autre côté, les rodomontades du clan d’en face ne font pas reculer. A bas bruit certes, mais en profondeur, les lignes bougent. En perspectives on discute d’un monde multipolaire débarrassé de l’hégémon, de la condescendance, du suprémacisme ; d’un monde où règneraient un respect réciproque, un équilibre des intérêts et des diversités humaines.

    Une fracture si profonde qu’il est laissé peu d’espace aux indécis.

     

     

    La neutralité interdite 

     

    Dans cette lutte épique, le bloc occidental ne s’embarrasse pas d’user de la règle de l’extraterritorialité à l’encontre des Etats qui ne le suivent pas. Les mesures punitives prises devraient être respectées par les tiers. Ainsi, la Confédération Suisse légendairement pays neutre, sommée de se prononcer, a noyé deux siècles de neutralité « perpétuelle » dans un alignement sans équivoque. La voix du Pape, habituellement sacrée est rabrouée sur la place publique lorsqu’elle porte sur le conflit. L’interdiction du système Swift pour les opérations financières vers la Fédération de Russie ferme aussi l’accès aux partenaires de ce pays, mêmes les plus pauvres, utilisant ce moyen pour l’achat de son blé. Des témoignages de participants de Haut-Niveau au sommet Russie Afrique de Saint-Pétersbourg en juillet 2023 nous décrivent des forces obscures qui ont travaillé pour saboter ce grand évènement. Une veille, à l’encontre des Etats tiers, est organisée pour le suivi de l’application des sanctions et un châtiment exemplaire attend ceux qui tomberaient sous le coup du soupçon.

    En fait, le lourd passif du bilan des relations interétatiques de l’ordre mondial agonisant milite en faveur de la thèse soutenue par des éminents experts qui ont longtemps dénoncé son iniquité. Sur le plan commercial par exemple, les échanges souvent inégaux, maintenaient un sud désœuvré face à un occident opulent. Par ailleurs, sans rameuter les plaies encore béantes de l’histoire des rapports entre l’occident et les autres peuples, par expérience il est permis d’être réservé sur la portée universelle des valeurs proclamées par l’élite occidentale. Les valeurs dites civilisationnelles qui ont légitimé la colonisation cachaient en réalité un agenda pour lequel les peuples victimes ont payé un très lourd tribut.

     

    Sécuriser l’avenir

     

    S’il est convenu que l’intérêt guide l’homme et que les Etats n’ont pas d’amis, une observation froide de la donne géopolitique actuelle incite à envisager les choses en fonction du temps long et non se contenter de l’aveuglant court terme.  A cet égard, à l’attention des Etats ayant des économies extraverties basées sur des ressources naturelles, un géostratège averti les déconseillerait d’encourager un affaiblissement de la Fédération de Russie. Ce pays béni des dieux, avec un territoire équivalent à plus de la moitié du continent africain regorge en son sous-sol d’inestimables richesses naturelles. La mainmise par les occidentaux sur cette manne, le réel mobile en réalité de toute cette animosité, les mettrait dans une situation stratégique qui leur consoliderait une position dominante dont il est certain qu’ils abuseraient sans scrupule.

     

    En effet, il est admis par les grands experts de la science économique que la prospérité occidentale de longue date s’était bâtie, en grande partie, grâce à une énergie à moindre coût importée de Russie : en être privé pourrait sonner le glas des jours heureux. Dès lors, une Russie forte, économiquement tournée vers le nouvel eldorado asiatique et pour de longues décennies découplée du monde européen obligerait ce dernier, au sous-sol stérile, à densifier sa dépendance aux ressources naturelles d’ailleurs. Les bénéficiaires de cette aubaine, dans le cadre des nouveaux équilibres qui se dessinent, seraient logiquement en position plus avantageuse que naguère. Ils tireraient argument pour réexaminer les clauses léonines de certains accords fondés sur les codes d’investissement élaborés jadis sous les auspices parfois de « grands conseillers » venus d’autres cieux : la belle occasion d’asseoir désormais des relations sur de nouvelles bases, plus équitables.

     

    Gérard O.

    Expert en relations internationales

    Analyste géopolitique

     

     
     
     
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